La guerre est injuste, déloyale, et certains vétérans, comme ce témoin privilégié de l'horreur, en restent traumatisés à vie, à jamais choqués. Warfighter est de ces jeux qui savent retranscrire la folie de la guerre, je peux d'autant mieux l'affirmer que je n'ai même pas fait mon service militaire.
Medal of Honor Warfighter commence fort ! Généralement le début d'un mauvais jeu, c'est le meilleur moment. On n'a pas encore découvert toutes les mécaniques génériques du cahier des charges de la parfaite daube AAA, le titre a un semblant de personnalité, un début d'histoire à lui, et on croit que le gameplay va proposer un vrai LD après son tuto. Y'a de l'espoir quoi. Un peu comme avec un con, il faut un peu de temps avant de découvrir la vérité, car on est tous porté (ou presque) à montrer le meilleur de nous avant de redevenir celui qu'on est. Pas Warfighter !
On commence de nuit dans... je ne sais pas. Un port ? Même pas le temps d'identifier les décors d'ailleurs trop sombres, on nous demande direct de tirer en appuyant sur R1, le viseur collé en gros plan sur l'arrière de la tête d'un type sans possibilité de viser à côté. Pourquoi on est là ? On est où d'ailleurs ? Pourquoi je dois tuer ce type ? C'est qui ? Le jeu n'a pas commencé que déjà ça sent mauvais. Bravo.
Donc on tire parce qu'on peut rien faire d'autre, puis un peu plus loin y'a des explosions et des trucs qui s'écroulent mais on risque rien, la recette Uncharted 2 sauf que là on ne sait pas pourquoi. Je veux dire... le jeu ne pose aucun contexte, tu passes du tuto le plus inutile qui soit à des trucs qui s'écroulent à peine 10 secondes plus tard, hein ?... Warfighter, c'est comme le gars trop cool qui s'amène en roulant des épaules pour draguer les minettes, mais à un enterrement. C'est pas qu'il est ridicule, c'est qu'on comprend même pas ce qu'il essaye de faire tellement c'est à côté de la plaque.
Après c'est encore mieux, dans son genre. On joue un Taliban dans un autre tuto, le tuto typique du FPS avec stand de tir et planches pour apprendre à marcher courbé. Pourquoi jouer un Taliban ? ... Ça sent pas bon, je me méfie. Et ensuite, après le tuto de base, pour parfaire l'entraînement le Taliban doit progresser dans un avion en tirant sur des cibles. Hein ? Depuis quand un terroriste suit un entraînement anti-terroriste ? C'est lui qui détourne des avions, pas le contraire ! C'est quoi ce jeu ?!
Et après ce tuto, on débloque un trophée du genre "À travers les yeux du mal", titre du tuto. AU. SE. COURS. Du mal, quoi. Pas "des méchants", ce qui serait déjà bien douteux. Du mal, genre comme Voldemordor ou l'empereur Pâle Poutine, avec des cornes, des yeux rouges, des pouvoirs obscurs et tout. Du mal... J'en reviens toujours pas. Et tout ça dans un tuto qui n'a absolument aucun sens, dans un jeu soi-disant inspiré de faits réels, à une époque où on sait que l'administration Bush a fait autant voire plus de mal à l'Amérique que les Talibans. Du mal...
Ensuite le vrai jeu commence, un Medal of Honor avec son système dynamique de couverture, une touche permettant de pencher le personnage dans la direction qu'on veut. Warfighter a été décrié pour son côté couloir. Ouais, ben moi j'aime ça les couloirs, du moins je déteste pas plus ça qu'un open-world ou autre. En plus y'a pas de loot, de système de compétences, d'XP, rien. Le jeu de base t'avances tu tires, sans toutes ces conneries qui font qu'on passe 20 minutes à ramasser des crottes dans les 4 coins d'un niveau pour débloquer des compétences qu'on devrait avoir dès le départ, ou améliorer nos armes. Merci ! Alors j'ai envie d'y croire, puis idéologiquement c'est pas le premier jeu à être puant (même si lui il pue très fort), ce qui n'est pas une excuse, juste pour dire qu'entre ça ou un jeu sexiste pour moi y'a pas vraiment de différences.
Puis ici ce système de couverture est une réelle bouffée d'air frais, ça change suffisamment des autres shooters, c'est le truc à MoH. Et c'est sympa. Sauf que... MoH Warfighter n'est pas un shooter. Un shooter, tu flingues tout le temps, et des fois y'a une séquence différente pour faire croire que le jeu est varié. C'est ce que je voulais. Évidemment c'est pas ça que j'ai eu...
Car toutes les cinq à dix minutes, Warfighter nous propose un passage die'n retry. Genre vous arrivez à un post de snipe, tout est scripté et si vous tuez pas les vilains dans le temps imparti faut recommencer au début. Et votre flingue vise pas précisément. Alors... c'est une bonne idée, car vous devez écouter le type qui corrige la trajectoire. Mais c'est nul dans un passage scripté, parce que là on apprend par l'erreur, on veut vite passer à autre chose parce que le passage est pas basé sur le snipe ni la correction de trajectoire, mais déterminé par des scripts. Tu vises à côté deux fois tu recommences. Tu tires trop tôt, tu recommences. Super frustrant.
Après y'a aussi l'ouverture de porte, que Warfighter réussit à foirer. Comment ? Dans n'importe quel autre jeu militaire, vous avez le passage "ouverture de porte au ralenti top hollywood yeah !". En gros vous êtes avec 3 potes, y'a toujours 4 méchants derrière la porte, et le but c'est que vous en flinguez un chacun. Pas dans Warfighter. Vous devez tous les buter tout seul, les autres font de la figuration. Et comme les décors sont généralement sombres, que vous visez à côté à la hanche même à cinq mètres devant vous, et que vous voyez moins bien avec l'iron sight, qu'il y a toujours un Taliban con allongé par terre qu'on repère encore moins bien que les autres, on recommence, puis on recommence, puis on recommence. Et des ouvertures de porte, Warfighter en a mis plein. Je veux dire... y'en a au moins 4 en une heure de jeu, sans compter les autres passages die'n retry...
Après la séquence de snipe pète-les-plombs (après vérification sur jeuxvideo.com, le type que j'arrivais pas à buter c'est parce qu'il était pas tuable à droite de l'immeuble me demandez pas pourquoi, fallait attendre qu'il aille à gauche youhou ! En plus fallait pas s'occuper du deuxième type tout en haut qui était là seulement pour décorer... ... ... ), sachant qu'on doit même pas encore être à une heure de jeu, je me dis "Allez, retour aux gunfights pis on en reparle plus, au moins ça c'est réussi". Lol. Là je me retrouve dans une course-poursuite en bagnole. Mais non quoi ! Alors, c'est long, très long. On peut pas rattraper la voiture tant que le jeu le décide pas... I'm cry. On voit presque rien de la vue cockpit ; les véhicules face à nous se résument à des phares allumés (en plein jour, logique), tout paraît trop petit et trop loin, c'est assez illisible. D'ailleurs il écrit en gros et rouge CIBLE sur la voiture à suivre qu'on voit quasiment pas, et même comme ça c'est pas évident. On tourne moins parce qu'on voit où tourner qu'on le devine avec les yeux plissés qui fatiguent... évidemment en se trompant une fois sur trois, ou en évaluant mal les distances une fois sur deux. Et donc on recommence, et... on recommence. C'est à la fois facile et injouable (bravo !), pas satisfaisant du tout et frustrant à fond les ballons, tout ça pour ressembler à une scène de cinoche hollywoodien. Et c'est exactement à ça que ça ressemble, mais côté acteur ; on recommence et recommence telle portion où on comprend pas ce qu'il faut faire, ou trop tard. Puis à un moment c'est dans la boîte, on peut se viander dans la séquence suivante. Yeah !
Alors après ça je me dis "Allez, retour aux gunfights pis on en reparle plus, au moins ça c'est réussi". Lol ?... Là c'est la séquence infiltration du jeu qui n'a pas de gameplay infiltration. Donc en gros on avance et on tue tous les 5 mètres un type qui nous tourne le dos, en suivant LE chemin super balisé.
Alors après ça vous vous dites :"Ouais, tu t'acharnes sur un jeu que tu aimes pas, t'es maso" mais là on est toujours pas à une heure de jeu... Quand on paye, même pas cher, un jeu, on a toujours tendance à se forcer un peu si on aime pas, histoire de justifier l'achat. Mais là j'en suis même pas rendu à ce stade, je suis même pas arrivé au niveau où on commence à se faire une idée globale du jeu. J'ai pratiquement pas jouer à la proposition du jeu ; des gunfights. J'ai passé plus de temps sur des die'n retry super mal fichus.
Et là les gunfights arrivent ! Yeah... Et c'est une saloperie de couloir étroit pour le tir au pigeon... Y'a une tempête de folie, les arbres bougent, mais nous ça change rien à notre gameplay... Et après je me tape un remake de Captain Philipps dans une mission "inspirée de faits réels" où j'appuie sur un bouton et c'est fini. Une mission de dix-huit heures résumées en 30 secondes...
This is Warfighter !